Je plante le décor: il y a 2,5 ans (2 ou 1, à vérifier), Mathilde ressort avec un ex. Une relation ancienne, qui avait été totalement interrompue plusieurs années. Cette fois, la "rechute" est juste pour que le corps exulte. Pourtant, Mathilde s'était bien promis qu'elle ne retournerait jamais, qu'elle en avait marre de ce gars-là...
Finalement, c'est pas si mal. La rechute perdure, on se chauffe régulièrement par sms, l'écoute est là, Monsieur est doué, on ajuste les comportements et ça devient quelque chose d'inédit et qui correspond plutôt bien à certaines aspirations de Mathilde (elle aime néanmoins garder une certaine distance, une fréquence pas trop élevée... allez savoir pourquoi. Le désir venu d'ailleurs est parfois un peu envahissant). Ya même de la discussion, à côté du sx, ce qui donne une tournure un peu plus personnelle aux choses; Mr A. a quelques points de vue intéressants et il connaît Mathilde depuis longtemps (en pointillés, il est vrai).
Récemment, la jeune fille décide de considérer la relation comme un cadeau, une chance de l'existence, une relation spéciale avec un être humain, un truc que tout le monde n'a pas l'occasion de vivre et qui, même s'il n'est pas aussi parfait que dans les livres et les films, comporte au final probablement bien 80% de contenu "satisfactory". "Time flies", c'est connu, alors on profite des fleurs qui pavent le chemin.
Quand on a atteint le plateau, on redescend
Et là! là, alors que Mathilde assumait justement enfin cette relation, la place qu'elle y prenait; alors qu'elle portait en son cœur toute la chance qui en provenait (toute? en fait, non: il aurait pu y en avoir encore plus. Mais c'eût peut-être été "bisounours", du moins pour notre personnage); alors qu'elle s'autorise enfin à être là et à toucher réellement, alors qu'elle prend enfin une rare initiative... ça casse. C'est moche :-(Une fois de plus, Mathilde est écartée par un autre personnage; cette fois, il jouera un rôle différent de celui de Mathilde - c'est assez normal et un peu plus "classique". Et cette fois, ça se discute dans la chambre, plus dans le salon.
Soyons réalistes
Alors, non, on ne s'était rien promis, même pas l'exclusivité. Et, oui, ça allait arriver, d'un côté ou de l'autre (assez peu probablement du côté de Mathilde, vu son chronique manque d'estime de soi et de contacts).Et pendant de nombreux mois, Mathilde s'était dit: "Ouais, c'est vraiment que pour le sx, parce qu'il a tel et tel défaut, et telle partie de corps est moche, et il utilise telle expression...", bref ne s'était pas trop impliquée. Pas de bol: ici, "implication" fut égal à "fin".
À un niveau "macro", ce qui emmerde aussi Mathilde, c'est précisément cette réflexion qu'elle avait eue récemment: si cette relation "with benefits" se terminait, la partie relationnelle et sx de son existence seraient vides. Elle allait devoir se bouger le cul pour entretenir la flamme et continuer à profiter des joies du contact intime, à commencer par "trouver quelqu'un". Car ça semble difficile à trouver dans son entourage actuel. Et Mathilde n'est pas habituée à se bouger le cul pour nourrir sa vie; du tout. Ca saute aux yeux quand on analyse les 15 dernières années. Enfin bon, on va pas régler ça ici.
Et puis, quel culot!
L'annonce de ce changement de paradigme (expression à la mode :) ) a été très bizarre: en 15 minutes, Mathilde est passée du statut de "déesse" adulée à "bon, ben, on ne se verra plus" (ceci n'est pas une citation). Lourd! Nul! Grossier, quand on y pense.Et puis, cette nouvelle semble être tombée par hasard dans la conversation: Mathilde craignait pour la sécurité d'une certaine installation, ce qui irrita un peu Monsieur qui l'avait préparée (on peut comprendre l'asticot). Cela mit fin aux jeux du soir et ce n'est que lorsque Mathilde s'enquit de l'état émotionnel de Monsieur au sujet de cet arrêt que Monsieur expliqua ses 2 préoccupations du moment: son boulot et ceci.
Donc, si le jeu avait continué comme prévu, la nouvelle serait-elle tombée??? Et si Mathilde n'avait pas proposé la rencontre de ce soir? [toutes les options sont possibles: oui, non, par sms plus tard, une autre fois...]
Quelques citations: "je me demande si on n'est pas arrivés au bout de quelque chose, que le 'magic' n'est plus là" [euh, non, pas mon impression]; "j'ai eu la puce à l'oreille avec ce sms au sujet d'obsessions"; "j'ai rencontré quelqu'un"; "je suis arrivé à un embranchement, où je ne vais plus pouvoir cacher..."; "et toi, tes perspectives amoureuses, tu en es où? Tu as un prospect?"; "Si quelque chose, un conseil, peut t'aider dans tes recherches: parfois, quand tu es sous pression sans doute, tu dis des choses qui peuvent être prises comme des piques. Ca casse, [cette fois-là] ça m'a presque enlevé l'envie de parler. C'est sans doute un reste de protections adolescentes"; "-Tu peux mettre ta tête là -Non, ça va, merci."; "on a eu des très bons moments"; Mathilde, en partant, avec une envie sincère: "On ira boire des verres. -De temps en temps." Ce dernier ressemble quand même à "Soudainement, contrairement à toutes les semaines qui précèdent, je n'ai plus besoin de toi, je te jette, ciao".
Mathilde, elle, elle était "...quand même contente d'avoir cette relation, de la porter comme ça avec moi".
À la fois "flûte!", "au final, c'était pas ce que je voulais?" et bonne poire
Donc, ben merde, Mathilde doit faire une croix sur une expérience à laquelle elle s'était adaptée et qu'elle avait adoptée. En même temps, et à son regret, elle ne se voyait pas partir en voyage avec Mr A (habitudes trop différentes: belle étoile par 10 degrés!) ou aller au resto (NB: on ne sait même pas si ça aurait tenté A); le lieu de vie de A était aussi trop spartiate à son goût (et à celui de pas mal de gens). Donc il y avait déjà un manque à volontiers combler par quelqu'un d'autre; mais bon, Mathilde, dans sa légendaire abnégation non forcée, pouvait survivre en se contentant de l'expérience avec Mr A.Mathilde a toujours besoin de temps pour retrouver un peu de capacité cérébrale après un choc émotionnel. Alors, sitôt dans le taxi qui la ramenait à domicile, elle chercha à composer un sms qui résumerait toutes les réponses intelligentes qu'elle n'était pas parvenue à formuler ou à dire (car il y avait de l'intelligence dans le discours impromptu ci-dessus, il faut le reconnaître), un sms qui laisserait aussi une porte ouverte. Alors, sincèrement: "Je suis contente de te connaître. Biz". "- Merci Mathilde c'est très gentil"*
*[De cette réponse, on dira soit "c'est par respect et considération entre deux humains liés que le prénom complet est utilisé", soit "Putain, comment il ose l'appeler par son prénom, après tout le temps qu'ils se connaissent et toutes les autres expressions qui ont été utilisée récemment!!!!". Je suis bien incapable de trancher.]
[Du sms de Mathilde, on dira: j'aurais jamais écrit ça à n'importe quel moment précédent. Son intelligence et l'intérêt de celle-ci ne me sont apparues que récemment. Un bout de sagesse qui débarque?]